

Je me souviendrai toujours du moment précis où j’ai eu ce fameux déclic qui m’a poussé à m’aventurer dans le monde vaste et complexe de l’intervention par la nature et de l’entrepreneuriat. En fait, je m’en souviens comme si c’était hier...
Février 2018.
Je glisse tranquillement sur les glaces du Lac st-Jean, dans le cadre du Double défi des deux Mario au profit de la Fondation Sur la pointe des pieds, armée de mon sac à dos et de mon appareil photo en bandoulière. J’ai les bouts de doigts congelés, le nez morveux, quelques glaçons se sont formés dans ma tignasse emmêlée et un peu crasse, entassé sous ma tuque et mon capuchon.
Je pue. J’ai "le frette bien étampé dans la face".
J’ai des courbatures dans tous les muscles connus (et inconnus) de mon corps.
En dépit de mon état piteux, j’ai étonnamment le sourire bien « scotché » aux lèvres depuis le début de cette traversée hivernale. Le regard rivé à l’horizon, devant l’étendue blanc immaculé du Lac gelé, je ressens à ce moment-là une profonde connexion avec moi-même, les autres et l’immensité de la nature.
Je ne fais qu’un avec elle. La nature ne m’appartient pas, c’est plutôt elle qui me possède entièrement.
Je me fonds et confond à elle en toute humilité.


Sur la carte topographique de ma vie, un tracé était tranquillement en train de se dessiner. Malgré les détours, chaque chemin emprunter m’a ramené vers le même azimut.
Après un bref détour en théâtre au cégep, les arts de la scène m’ont amené à voyager dans différents pays pour réaliser divers projets d’intervention par le théâtre, notamment au Mali et en Haïti.
À la sortie de l’université, avec mon diplôme en travail social en poche et ma carte de membre bien en règle de l’Ordre des travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux du Québec, j’ai eu l’opportunité de travailler auprès des familles vivant en contexte de vulnérabilité en pédiatrie sociale en communauté et auprès des Premières Nations au Québec, avec entre autre, l’organisme Wapikoni Mobile, à travers différents projets.
Sur ma route, j’ai pu voir de mes propres yeux les bienfaits des approches alternatives et novatrice en travail social et en psychologie tel que la zoothérapie, l’art thérapie et la musicothérapie.
L’approche d’intervention par la nature et l’aventure a été pour moi une révélation dans mon parcours.
J’ai donc entamé un programme court de deuxième cycle en intervention plein air et démarré un projet pilote d’intervention auprès de jeunes vivant avec des défis multiples, qui combinaient deux approches : l’intervention par la nature et l’aventure et la zoothérapie.
En 2018, je participe au Sommet Génération plein air de MEC et remporte le premier prix et est le coup de coeur du jury lors de la présentation de mon projet pilote de zoothérapie en plein air.
En mars 2019, une dizaine de jeunes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme et autres diagnostiques de santé mentale et neurodéveloppementale (TDAH, TAG, etc.) participent au projet pilote sur une période de 8 semaines.
Les résultats du projet sont stupéfiants: les jeunes développent de nouvelles habiletés sociales et certains intègrent la pratique d’activité de plein air à leur quotidien pour gérer leur anxiété et les défis concomitants à leur diagnostique actuel.


Après avoir récolté de nombreux prix et reconnaissances dans la communauté pour ce projet pilote, je me suis retrouvée par la force des choses entrepreneure… malgré moi!
L’organisme MAÏKANA est finalement né en plein milieu de l’été, au mois de juillet 2019.
Lorsque je fais une rétrospective des 7 dernières années, MAÏKANA aura été un tremplin professionnel exceptionnel:
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+ de 2800 participant.e.s à nos projets de formation et d’intervention par la nature et l’aventure
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+ d’une quarantaine d’apparition dans les médias
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+ de 26 projets d’intervention par la nature et l’aventure
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+ de 70 ateliers-conférences
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+ de 15 prix et distinctions, dont le Grand Prix Leadership au féminin de l’année 2024, l’un des prix qui m’a le plus émue de toute ma carrière jusqu’à présent.
Au premier regard, mon parcours peut sembler hétéroclite et décousue par moment.
Après mûres réflexions, j’ai été en mesure d’identifier le fil rouge qui relie la courte-pointe bien colorée de mon parcours.
Quand je fais une rétrospective de mon récit de vie personnelle et professionnelle, je réalise que chaque expérience vécue m’a tranquillement préparé à devenir l’entrepreneure sociale que je suis aujourd’hui.

La Nature a été une grande mentore pour moi à travers cette expédition entrepreneuriale. Elle m’a appris aussi à faire la différence entre l'intuition et l'impulsion, entre la rigueur et la rigidité, entre la persévérance et l’acharnement, entre l'amour et la peur.

Je vis depuis 2 ans en permanence à proximité de la nature, bien niché entre les montagnes et le Fjord, dans notre maison à Ste-Rose du Nord, où nous élevons notre petit garçon en cohérence avec la Nature.
Le plein air est devenu bien plus qu’une modalité d’intervention, mais carrément un art de vivre pour moi.
C’est durant mon congé de maternité, avec mon petit bébé collé bien au chaud dans mon porte-bébé sous mon anorak, le regard rivé sur la beauté du Fjord gelé, que l’idée de démarrer le projet Être Nørd a émergé.
N’écoutant que mon intuition, j’ai voulu cette fois-ci changer de
« fréquence » en créant un projet solo et plus intime, sans être pour autant exhibitionniste ou prétentieux.
Un projet qui permet d'assembler tout mon bagage personnel et professionnel cumulé depuis les 12 dernières années.

Être Nørd fait référence à cette norditude et cette nordicité* qui nous caractérise ici au Québec, particulièrement en région.Ce concept incarne autant l’identité (être) que l’état d’esprit (être en cohérence).
C'est aussi un petit clin d'oeil à mon amour pour les cultures scandinaves et nordiques!
* Termes inventés au Québec par le géographe et linguiste Louis-Edmond Hamelin, dans le début des années 1960.

"Santé & Nature en résonance" donne une dimension philosophique et clinique au projet.
Ça dépasse le simple “vivre avec”.